Société en désarroi

Dans nos sociétés enfantées par le siècle des Lumières, la fontaine des idées tente en vain de diluer les eaux fétides de la corruption publique.

Fragilisée sur ses bases, l’intelligentsia bombe le torse et voue aux gémonies le discours qu’elle considère comme simpliste, voire populiste.

Empêtrée dans la soi-disant complexité des sujets qui la dépassent, elle jette sur le peuple sa propre vision basée sur une conviction sclérosée par le bien-penser et son mépris qu’elle tente d’occulter, en s’acharnant sur les dénonciateurs de la dérive du politique.

D’atermoiements en discussions stériles, de décisions controversées en laxisme éhonté, le monde politique s’affaiblit aux yeux du citoyen avide de plus de justice et de bien-être commun.

Les extrêmes qu’ils soient de gauche ou de droite font leur lit sur l’incompétence, la faiblesse du pouvoir en place, tous partis confondus et sur le mépris des besoins exacerbés des plus humbles, suscitant ainsi l’appétence de ceux qui ont perdu leurs espoirs.

L’Histoire nous apprend ce que furent les conséquences des basculements de pouvoirs qui ont engendré les régimes totalitaires, précipitant le monde dans la misère et le chaos. C’est, en effet, la dérive des extrêmes.

Néanmoins, dénoncer, n’est-ce pas aussi le rôle de ceux que l’on considère comme provocateurs ?. Traiter à foison les partis extrêmes de populistes, n’est-ce pas démontrer l’absence de vrais arguments nécessaires à contrer un discours qui dérange ?

Certes, l’extrême gauche comme l’extrême droite naviguent sur la démonstration de déliquescence des institutions justifiant ainsi le repli sur soi et la nécessaire reprise en mains du pouvoir jugé incapable de gérer l’évolution parfois anarchique de la société et inapte à dépasser ses tensions internes.

Qu’offrent cependant ces extrêmes en échange si ce n’est le rejet d’autrui et un douloureux avenir parce qu’assombri par la perspective de litiges entre nations et in fine par l’angoisse d’un futur fait de guerres fratricides ?

Confronté aux tergiversations du pouvoir politique, à celles d’une opposition aux objections dirimantes, le peuple se sent démuni, se scandalise face aux dérives, aux affaires de détournement du denier public, bref face aux profiteurs perchés. Consciemment ou inconsciemment, il est ouvert à tout nouvel espoir et cherche dès lors une porte de sortie par laquelle il veut, à tout prix, accéder au renouveau d’un monde perdu.

A force de se focaliser sur les extrêmes en exploitant ce que l’Histoire nous révèle de sordide en réminiscence du fascisme et du marxisme, on tente d’éloigner le citoyen en demande des vrais problèmes de société. On occulte une résolution nécessaire à la recherche d’un nouvel équilibre, faisant fi de la problématique de l’affaiblissement de nos institutions.

Le vrai débat s’exerce dans la sérénité d’un dialogue et non dans la virulence des oppositions de personnalités plus enclines à se révéler les maîtres à penser que les garants de l’accomplissement et de la pérennité d’un bien être citoyen.

Martial