Saint-Ex, quand tu m'inspires dans la solitude de mon rêve...

Le soleil s’évade, emportant avec lui la chaleur du jour.

Le soir étend sa fraîcheur insolente ... .

Dans mon livre ouvert à la page du rêve, assis sur le sable du désert, je contemple les myriades d’étoiles qui scintillent en un hymne parfait à la gloire du Grand Architecte de l’Univers.

Une folle nuit de contraste glace mon sang et fige mon angoisse,

Passe les heures espérant un nouveau jour et étaye mon rêve.

Troublant l'errance de mes songes, une ombre s'épanouit sur mon corps alangui. Surgi de l'infini, un jeune bédouin effleurant le sable brûlant me couvre d'une présence irréelle. Je la ressens pourtant si sensible !.

Il me prend la main et son regard se fait plus intense entre les plis d’un turban protecteur. « Dessine-moi une rose aux couleurs de lumière » Je ferme les yeux et souris : Saint Exupéry, ton petit prince est de retour !. La légende ne dit-elle pas qu’ils ont le sang bleu, ces voyageurs de l’infini ?. Je lui parle longuement, dissertant sur le sens de la vie, sur les textes sacrés, sur la fragilité de l’être et du temps … et je me tais devant l’intense fixité de son regard : « Dessine-moi une rose aux couleurs de lumière ». Décontenancé, mais n’en laissant rien paraître, je m’exécute. Un ange passa … Il prit et laissa glisser l’image sur son cœur, ses yeux avaient l’éclat d’un matin clair. « Je conserverai cette rose en souvenir de toi, et en hommage à ton Dieu. Je prierai Allah afin qu’il apporte à ton Dieu toute la louange pour une création si parfaite. » Troublé, je lui répondis qu’il n’y avait qu’un seul Dieu et qu’Il était créateur et maître de cet univers, et qu’Il ne … . Il m’interrompit en posant doucement sa main sur la mienne : « M’aimes-tu ? » Je protestai devant une pareille requête. N’avais-je donc point ouvert mon cœur … ? » Il m’interrompit à nouveau : « Tu as ouvert ton esprit mais le tabernacle de ton cœur est demeuré fermé. Tu as longuement parlé. Tu as commenté la Parole sacrée, tu as tout donné par ton intelligence et pourtant je te sens insatisfait. Aurais-tu, dans ces lointaines contrées du Nord, oublié le parfum d’une fleur, le sourire d’un enfant, … l’éclat d’une rose ? Ton regard ne s’attarde plus sur l’éphémère et tu perds le précieux temps de vie que tu as reçu en vaines paroles, en vaines pensées, en vains réquisitoires. Contemple, dans ta solitude, l’œuvre du Créateur, ta prière sera muette, mais ton âme, éclairée par ton regard, accueillera une lumière nouvelle, celle de l’Amour qui transparaît dans l’Univers, et tu auras gagné, en ton cœur, la vraie sagesse.» Martial